19 octobre 2021 – Selon un nouveau sondage national* mené par Cœur + AVC auprès de chercheurs et de professionnels de la santé, la pandémie a eu de sérieuses répercussions sur la santé cardiaque et cérébrale et cet impact continuera de se faire ressentir dans un avenir prévisible. Les personnes vivant avec une maladie du cœur ou les séquelles d’un AVC ont vu leur état de santé empirer, les inégalités en matière d’accès aux soins de santé se sont accrues, les recherches ont été suspendues et le système de santé a été gravement perturbé.
Parmi les répondants du sondage, neuf chercheurs et professionnels de la santé sur dix craignent que l’état de santé des personnes vivant avec une maladie du cœur ou les séquelles d’un AVC ait empiré durant la pandémie parce qu’elles n’ont pas toujours été en mesure d’accéder aux soins dont elles avaient besoin. Huit répondants sur 10 jugent que, parmi les conséquences de la pandémie, les retards dans le diagnostic et le traitement ont constitué le plus grave problème pour ce type de patients. Plus de la moitié des répondants sont par ailleurs d’avis que les problèmes de santé mentale iront croissant et ils sont autant à craindre une diminution de la santé cardiovasculaire chez les personnes qui étaient en bonne santé avant la pandémie.
« Au début de la pandémie, je me rappelle avoir fait plusieurs quarts de travail aux urgences sans voir un seul patient souffrant d’un trouble cardiaque ou ayant subi un AVC, et me demander : “Mais où sont-ils?” C’est comme s’ils avaient soudainement tous disparu, raconte la Dre Clare Atzema, chercheuse subventionnée par Cœur + AVC et urgentiste au Centre Sunnybrook des sciences de la santé de Toronto. Ces patients devaient être vus par un médecin et recevoir des soins. Je crains que nous soyons bientôt confrontés à une vague de patients qui auront besoin de plus de soins, de plus de soins intensifs, et nous devrons mener de nouvelles recherches pour savoir comment mieux traiter ces maladies. »
Paul King, résident d’Owen Sound en Ontario, a vu son processus de diagnostic de maladie du cœur connaître des retards et son pontage coronarien subséquent reporté à trois reprises en raison des perturbations causées la pandémie. Il a ainsi vécu dans l’incertitude de novembre 2020, lorsqu’il a pour la première fois ressenti des douleurs thoraciques, à mai 2021, quand il a subi une chirurgie cardiaque de 7 h. Paul est reconnaissant pour les soins qu’il a reçus, conscient qu’ils lui ont évité une crise cardiaque, à plus forte raison pendant cette période difficile. « Le système était surchargé, mais les travailleurs de la santé ont été formidables : la charge de travail qu’ils ont assumée dans ces circonstances extrêmement éprouvantes, c’est tout à fait remarquable. »
Parmi les répondants d’un sondage mené quelques mois plus tôt par Cœur + AVC ** auprès de personnes vivant avec une maladie du cœur, un déficit cognitif d’origine vasculaire ou les séquelles d’un AVC, deux sur trois disaient avoir eu au moins un rendez-vous médical modifié, reporté ou annulé durant la pandémie. La prestation de soins de santé virtuels a cependant comblé en partie ces lacunes, plus de 80 % de ces mêmes répondants disant avoir eu un rendez-vous médical virtuel durant la pandémie.
Inégalités accrues
Le sondage auprès d’experts de la santé et de chercheurs a par ailleurs permis de constater une réelle préoccupation en ce qui a trait à l’égalité en matière d’accès soins de santé. Le statut social et économique a toujours eu une incidence majeure sur l’état de santé, le risque d’infection, les habitudes de vie et l’accès aux services de santé. C’est donc sans surprise que nous constatons que la COVID-19 n’a pas affecté la population de manière égale : par exemple, les quartiers défavorisés ont été frappés beaucoup plus durement par la pandémie que les quartiers riches. Neuf experts sur 10 ont exprimé leur inquiétude par rapport au fait que les communautés qui ont subi de façon disproportionnée les effets néfastes de la pandémie sur leur santé continueront d’en subir les conséquences. Près de la moitié des répondants craignent aussi que les patients vivant avec une maladie du cœur ou les séquelles d’un AVC et qui avaient déjà une vulnérabilité accrue en raison d’inégalités seront encore plus à risque; huit répondants sur 10 jugent de même que l’écart entre ceux qui reçoivent des soins appropriés et ceux qui n’en reçoivent pas s’est creusé pendant la pandémie.
Enjeux pour la recherche médicale et le système de soins de santé
Plus de 75 % des professionnels de la santé et des chercheurs sondés s’inquiètent du fait que la pandémie a ralenti ou interrompu les recherches essentielles sur le cœur et le cerveau. Le recrutement de participants et les essais en cours ont été entravés par les mesures de santé publique et de nombreux chercheurs-cliniciens ont consacré la majeure partie de leur temps à soigner des patients atteints de la COVID.
L’épuisement des dispensateurs de soins de santé, l’augmentation du temps d’attente pour les rendez-vous et les interventions et la hausse du nombre de patients et de la gravité de leur état sont les trois principales difficultés post-pandémiques qui affecteront le système de santé selon les répondants du sondage.
Préparer l’avenir
Les chercheurs et les professionnels de la santé sondés s’attendent à ce que leur travail change et certains croient que ces changements seront majeurs. Pour soutenir le mieux possible les personnes atteintes d’une maladie du cœur ou ayant subi un AVC à l’avenir, ils sont par ailleurs d’avis qu’il faut notamment miser sur la réadaptation, le traitement et le soutien et les services communautaires de rétablissement. Rare aspect positif, le bouleversement causé par la pandémie a stimulé l’innovation, dont l’offre de soins de santé virtuels, qui pourrait également profiter aux patients.
« La pandémie a entraîné des défis qui exigent un engagement et une détermination sans précédent, et bien que nous ayons fait preuve de résilience et d’innovation, il nous reste encore beaucoup à faire pour améliorer les résultats de santé des personnes vivant avec une maladie du cœur ou les séquelles d’un AVC, déclare la Dre Patrice Lindsay, Changements des systèmes de santé, à Cœur + AVC. L’avancement de la recherche sur le cœur et le cerveau est maintenant plus important que jamais. »
Les maladies du cœur et l’AVC constituent la principale cause de mortalité à l’échelle mondiale et deux des trois plus importantes causes de décès au pays. Plus de 1,6 million de personnes au pays vivent avec une maladie du cœur ou les séquelles d’un AVC.
* Sondage en ligne national et bilingue mené par Cœur + AVC (en collaboration avec Environics Research) auprès de 370 professionnels de la santé (chercheurs dans le domaine de la santé cardiaque et cérébrale, neurologues, cardiologues, médecins de famille, urgentistes, du personnel infirmier, du personnel paramédical, des professionnels en réadaptation et d’autres professionnels paramédicaux, des pharmaciens, ainsi que des administrateurs, des dirigeants et des décideurs du système de santé.), du 16 août au 7 septembre 2021.
** Sondage en ligne mené par Cœur + AVC auprès de 3016 personnes vivant avec une maladie du cœur, les séquelles d’un AVC ou un déficit cognitif d’origine vasculaire et des aidants, du 23 mars au 26 avril 2021.
À propos de Cœur + AVC
La vie. Ne passez pas à côté. C’est pour cette raison que Cœur + AVC mène la lutte contre les maladies du cœur et l’AVC. Nous devons propulser les prochaines découvertes médicales afin que les gens au pays ne passent pas à côté de moments précieux. Ensemble, nous promouvons la santé, préservons la vie et favorisons le rétablissement grâce à la recherche, à la prévention et à des politiques publiques. coeuretavc.ca
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