OTTAWA - Bien que la plupart des Canadiens appuient la légalisation du cannabis, on n'a pas accordé suffisamment d'attention à ses effets néfastes sur la santé, affirme le Dr Chris Simpson, cardiologue, vice-doyen (clinique) de la Faculté des sciences de la santé de l'Université Queen's et professeur de médecine.
Le Dr Simpson a expliqué au Congrès canadien de l'AVC que chaque cigarette de marijuana contient un mélange de 70 produits chimiques – qui peuvent tous agir sur le cœur et les vaisseaux sanguins de façon imprévisible.
Les cliniciens de l'AVC sont particulièrement préoccupés par le fait que le THC, un produit chimique psychoactif, se fixe aux récepteurs du cerveau et des parois des vaisseaux sanguins et peuvent favoriser la formation de plaque dans les artères. De plus, il peut rendre le sang collant, ce qui fait en sorte que les plaquettes se collent les unes aux autres et forment des caillots. L'athérosclérose (artères obstruées) est liée à des maladies vasculaires comme les AVC, les maladies cardiaques et l'insuffisance cardiaque.
« Les connaissances que nous avons des avantages et des méfaits potentiels du cannabis en sont à leurs premiers balbutiements », avoue le Dr Simpson. « Mais le mal semble dépasser largement tout bénéfice potentiel. » Selon lui, il faut étudier plus à fond l'impact du cannabis sur la santé vasculaire.
« Il y a ces fausses idées populaires reçues au sujet du cannabis, véhiculées par les médias sociaux et l'industrie du cannabis, qu’il s'agit d'un médicament inoffensif », poursuit le Dr Simpson. « Je m'inquiète quand les gens disent que le cannabis est un produit naturel qui a été utilisé pendant mille ans et qu'il doit donc être sûr. Il est difficile de parer cette croyance. Il y a d'énormes écarts entre ce que les gens croient et ce qui est la réalité. »
Syndrome de vomissements cycliques
Parmi les sujets d'inquiétude, les médecins constatent « un état vraiment mystérieux chez le consommateur habituel » appelé Syndrome cyclique de vomissement, un syndrome qui entraîne des vomissements et une déshydratation incessants, en particulier chez les jeunes adultes. « L'une des caractéristiques très particulières du diagnostic est que la seule chose qui soulage les vomissements est une douche chaude », dit le Dr Simpson. Le traitement consiste à prendre des médicaments contre la nausée et à attendre que le cannabis sorte de leur système. « Ça peut être très dangereux parce que ça perturbe les électrolytes, peut causer la déplétion potassique, tandis que beaucoup de mal peut venir de la déshydratation. »
Comestibles
Ancien président de l'Association médicale canadienne, le Dr Simpson s'est également dit préoccupé par les aliments comestibles, qui seront légalisés plus tard ce mois-ci. Le taux d'absorption du THC est beaucoup plus lent avec les aliments comestibles, de sorte que les gens peuvent consommer trop de THC avant de ressentir le high, et en ingèrent une quantité bien supérieure à leur capacité de les consommer.
« Cela vous frappe comme une tonne de briques au bout d'une heure environ et vous pouvez faire une overdose très rapidement à cause de la réaction retardée », dit Simpson, qui est particulièrement préoccupé par l'ingestion accidentelle de produits comestibles par des enfants.
Il a également souligné que le cannabis affecte le développement cognitif jusqu'à l'âge de 25 ans et que sa consommation peut déclencher des psychoses et aggraver l'anxiété et la dépression. Il a remis en question la légalisation à l'âge de 19 ans, affirmant que les décideurs politiques « n'ont pas pleinement pris en compte toutes les conséquences négatives et les risques encourus par nos jeunes en particulier ».
Bien qu'il soit préférable d'éviter la consommation de cannabis, à ceux qui en prennent, il recommande d'en faire une consommation très modérée, de ne pas fumer ou de ne pas inhaler profondément le produit, de faire attention aux aliments comestibles, de commencer à utiliser le produit le plus tard possible dans la vie et de se tenir à l'écart du cannabis synthétique qui est puissant et très dangereux.
Autres sujets d’actualité aujourd’hui :
Choc du futur : Des experts de l'avc étudient des moyens de prévenir l'avc et de favoriser le rétablissement alors que le système de santé se prépare à faire face une marée de baby-boomers. Deux experts de l'AVC du Royaume-Uni – l'un axé sur la prévention et l'autre sur le rétablissement – ont averti les cliniciens canadiens que quelque chose doit changer pour répondre au besoin croissant de services pour l’AVC. Avec l'augmentation du nombre de baby-boomers victimes d'un AVC et le fait que plus de 80 % survivent, l'AVC est devenu une maladie d'invalidité chronique. « Quatre-vingt-dix pour cent des accidents vasculaires cérébraux pourraient être évités grâce à une meilleure surveillance de la tension artérielle, à un meilleur dépistage de la fibrillation auriculaire et à un meilleur suivi après un AIT (mini-AVC) », affirme le Dr Peter Rothwell, neurologue de l'Université d'Oxford. « Nous devons être plus efficaces et plus efficients dans la gestion des facteurs de risque que nous connaissons déjà et plus efficaces dans l'utilisation des traitements dont nous disposons déjà ». En même temps, il faut investir davantage dans la réadaptation post-AVC parce que les taux de survie augmentent et qu'un plus grand nombre de personnes vivent avec une invalidité de longue durée.
S'occuper des aidants : Les aidants naturels offrent un soutien essentiel aux survivants d'un AVC, mais bon nombre d'entre eux vivent un stress qui peut compromettre leur santé. Les interventions visant à réduire le stress des aidants naturels ont démontré des avantages limités. Une nouvelle étude de l'Université de Toronto, dirigée par la Dre Jill Cameron, a examiné les données recueillies sur plus de 700 soignants 1, 3, 6 et 12 mois après l'AVC. Elle a constaté que la capacité de faire face aux défis de la prestation de soins est directement liée à la santé mentale et physique de l'aidant et que, par conséquent, plus d'efforts doivent être déployés pour lui offrir du soutien.
L'initiative pour les femmes : Le personnel de Cœur et AVC a examiné plus de 1 000 messages de discussions communautaires en ligne et a parcouru le pays pour parler à 200 femmes qui ont été victimes d'un AVC dans le but d'élaborer un plan pour remédier aux disparités systémiques dans les soins de l'AVC. La rétroaction découlant de cette évaluation sera intégrée à l'Initiative pour les femmes et aux processus de participation futurs.
Le Congrès se tient à Ottawa en Ontario du 3 au 5 octobre 2019. Suivez-nous sur Twitter @strokecongress, #StrokeCongress.
Les énoncés et les conclusions des auteurs de l'étude sont uniquement ceux des auteurs de l'étude et ne reflètent pas nécessairement la politique ou la position de la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC ou du Consortium neurovasculaire canadien. Cœur et AVC et CSC ne font aucune déclaration ni garantissent leur exactitude ou leur fiabilité.
Congrès canadien de l'AVC
Organisé conjointement par Cœur et AVC et le CSC, le Congrès canadien de l'AVC est un forum canadien unique en son genre qui permet aux experts de partager les résultats des recherches les plus récentes, d'échanger des idées et d'établir les liens qui changeront l'avenir de l'AVC. Il réunit des chercheurs, des neurologues, des infirmières, des spécialistes en réadaptation, des responsables des politiques, des décideurs du système de santé – et bien d'autres – dans une occasion sans précédent d'améliorer la santé du cerveau des Canadiens. (congresAVC.ca)
À propos de Cœur et AVC
La vie. Ne passez pas à côté.mc C'est pourquoi Cœur et AVC mène la lutte contre les maladies du cœur et les accidents vasculaires cérébraux. Ensemble, nous travaillons à prévenir les maladies, à sauver des vies et à promouvoir le rétablissement par la recherche, la promotion de la santé et les politiques publiques. (coeuretavc.ca)
Consortium neurovasculaire canadien
Le Consortium neurovasculaire canadien est l'organisation professionnelle des neurologues spécialisés en AVC qui dirige la formation continue, la défense des intérêts et la recherche des professionnels de la santé. (strokeconsortium.ca)
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Cathy Campbell
Cœur et AVC
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