« J'ai la tête qui tourne tout à coup », a déclaré Jennifer Potiuk, 43 ans, en conduisant sa voiture dans la voie du service au volant du restaurant McDonald’s situé près de sa maison, à Colwood, tout près de Victoria.
« C’est une blague? », lui a demandé sa fille Sasha, neuf ans, assise sur le siège passager. C’était le 2 février 2016 et les deux avaient faim à la suite d’une longue journée stressante. Jennifer est infirmière et elle avait rencontré des patients pour le dépistage du cancer gastro-intestinal ce jour-là, alors que Sasha avait été à l’école, puis au service de garde. Toutes deux avaient envie d’un souper facile composé d’un hamburger et de frites.
Jennifer ne rigolait pas au sujet de ses étourdissements. Au moment où elle s’est tournée vers sa fille, la moitié de son visage était affaissée.
« Ça va? Ça va? », demandait Sasha, dont la voix trahissait l’état de panique. Jennifer était incapable de lui répondre.
Urgence médicale
La voiture était déjà au guichet du service au volant et avec sa main droite, Jennifer a réussi à prendre le sac de nourriture et à payer. Vaguement consciente de son environnement, elle a lentement engagé sa voiture dans le stationnement du restaurant.
Elle savait qu’elle était en situation d’urgence médicale. Elle a plongé sa main droite dans son sac à main et a remis son cellulaire à Sasha.
Jennifer (à gauche) et Sasha à la maison.
La jeune fille sanglotait, mais elle a vite compris qu’elle devait se calmer. Sasha a appelé le 9-1-1 et s’est efforcée de parler clairement. « Ma mère agit très bizarrement. »
Le répartiteur lui a posé quelques questions. Pendant ce temps, Jennifer marmonnait des mots et essayait de donner l’adresse de leur maison. « Ne l’écoutez pas, nous ne sommes pas à la maison », a expliqué Sasha au répartiteur.
Secours dans le stationnement
Lorsque l’ambulance est arrivée, Sasha est sortie de la voiture pour lui faire signe. Jennifer a ouvert la porte de la voiture, puis est tombée au sol. Voir sa mère aussi impuissante a été le moment le plus effrayant pour Sasha.
Les ambulanciers paramédicaux ont rapidement placé Jennifer sur une civière, et l’ambulance s’est mise en route vers l’hôpital général de Victoria, avec Sasha à bord.
À l’hôpital, Jennifer a passé sans délai un tomodensitogramme (TMD), alors que Sasha était dans une salle d'attente supervisée pour enfants.
Le TMD a démontré que Jennifer faisait un AVC; un caillot obstruait la circulation sanguine vers son cerveau. Les médecins ont déterminé qu’ils pouvaient lui administrer sans danger de l’altéplase (t-PA), un médicament qui dissout les caillots et qui peut réduire la gravité d’un AVC et même renverser ses effets s’il est administré dans les quatre heures et demie suivant le début des symptômes.
Peu de temps après, le père de Sasha, Dustin Potiuk, est arrivé et ils ont pu voir Jennifer et discuter avec les médecins. Après environ deux heures, les symptômes de l’AVC avaient disparu et Jennifer bougeait et parlait normalement.
Elle a été renvoyée chez elle quelques jours plus tard avec des médicaments, notamment des anticoagulants et des médicaments pour la pression artérielle. Au début, elle était épuisée. Elle est retournée au travail deux mois plus tard.
Au-delà du rétablissement
« Je fais de l’exercice pendant une heure chaque jour et je mange plus sainement, raconte Jennifer, qui a modifié ses habitudes de vie. J’ai même perdu un peu de poids. »
Grâce à sa réaction rapide et à celle de sa fille, elle se rétablit bien.
« En ce qui concerne l’AVC, une intervention rapide est cruciale, explique la Dre Patrice Lindsay, directrice, AVC, à Cœur + AVC. En restant calme et en appelant le 9-1-1, Sasha a aidé sa mère à recevoir rapidement le traitement dont elle avait besoin. De telles histoires nous rappellent que l’ensemble de la population doit connaître les signes de l’AVC et l’importance d’appeler le 9-1-1 dès que ceux-ci se manifestent. »
Pendant son rétablissement, Jennifer s’est concentrée sur Sasha. Elles ont toutes les deux rencontré un spécialiste pour discuter du traumatisme vécu ce jour-là. Faire face à ses camarades d’école a été difficile pour Sasha; ils posaient beaucoup de questions indiscrètes.
Elle constate maintenant à quel point elle était calme lors de cet événement. « Quand j’y repense, j’ai été courageuse. Je suis fière de moi. »
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