Le monde de Paul s’est effondré en quinze minutes. Fatigué et courbaturé après une rude semaine de travail, il pensait souffrir de la grippe. Il s’est écroulé sans pouvoir se relever. Lorsqu’elle l’a trouvé, sa femme, Lynn, a appelé le 9-1-1.
Il faisait un AVC. Le t-PA, un médicament thrombolytique, n’est pas parvenu à dissoudre le caillot sanguin dans son cerveau. La dernière possibilité de lui sauver la vie résidait dans la craniotomie, une intervention qui consiste à retirer une partie du crâne, puis le caillot.
« Ma sœur s’est assurée que je reçoive l’extrême onction trois fois », raconte Paul.
À 61 ans, ce chef d’entreprise était actif et engagé dans le secteur immobilier commercial. Tout son côté gauche est maintenant paralysé. Tout comme on ramasse des milliers de petits éclats de verre, Paul et sa famille ont commencé à rassembler les morceaux perdus en raison de l’AVC.
« Au début, le grand défi consistait à m’asseoir tout seul et à acquérir suffisamment de force pour garder cette position afin de me préparer pour la réadaptation. »
Alors que Paul commençait son cheminement personnel vers le rétablissement, il ne lui était pas venu à l’esprit que ses antécédents familiaux avaient augmenté son risque d’AVC. Depuis, il a pris connaissance des travaux du Dr Guillaume Paré, chercheur subventionné entre autres grâce aux donateurs de Cœur + AVC.
La génétique pourrait avoir un rôle déterminant
Le Dr Paré est convaincu que la génétique jouera un rôle déterminant dans la prochaine percée majeure en matière d’AVC. Il est proche de trouver le facteur héréditaire de l’AVC. S’il parvient à trouver la cause génétique de cette affection, il s’agira d’une grande nouvelle pour les personnes à risque, de même que pour les survivants comme Paul qui sont aux prises avec les séquelles difficiles d’un AVC.
« Nous avons quatre enfants, précise Paul. Ma femme, ma famille et mes amis proches m’ont sauvé. »
Quatre ans plus tard, grâce à la réadaptation et aux exercices, Paul a fait d’immenses progrès. Depuis le moment où il est parvenu à s’asseoir dans un fauteuil roulant jusqu’à celui où il a enfin pu marcher dans la rue avec une canne, la route a été longue, mais gratifiante. Paul a toujours besoin d’aide pour prendre son bain, pour s’habiller et pour manger. Mais il exprime le désir d’aller mieux et sa volonté de travailler fort pour y parvenir.
Je n’aurais jamais cru recevoir une telle bénédiction.
Une telle détermination fait de lui un modèle pour toutes les personnes qui luttent pour leur rétablissement — et son histoire est une manière de rappeler qu’un AVC peut transformer les moments les plus précieux de la vie.
« Ma femme a assumé le rôle d’aidante, et nous souhaitons tous les deux profiter pleinement de la retraite, indique Paul. Je ne suis plus en mesure de fonctionner comme chef de la direction, mais j’ai découvert quelque chose d’autre. »
Le côté gratifiant du bénévolat
Paul fait maintenant partie des bénévoles motivés de Cœur + AVC. Il raconte son histoire lors de présentations aux donateurs et il collabore avec l’équipe de collecte de fonds.
« Si je peux faire quelque chose pour éviter à d’autres gens de vivre ce que j’ai vécu, je tiens à le faire. »
Paul conduit un vélo à trois roues couché lors de la Randonnée du cœur annuelle de Toronto. Il est en mesure d’attacher sa jambe gauche alors que sa droite fait l’essentiel de l’effort. Depuis 2014, son équipe a amassé plus de 108 000 $ lors de l’activité.
« Cette collecte de fonds me donne une bonne raison d’essayer de me maintenir en forme », dit-il.
L’engagement de Paul pour amasser des fonds d’importance vitale permet à des chercheurs comme le Dr Paré de faire tout leur possible pour éviter à d’autres les épreuves traversées par Paul et sa famille.
Selon Paul, si son travail en tant bénévole permet de sauver seulement une personne, cela en aura valu la peine. « Chaque expérience a un côté positif. Je n’aurais jamais cru recevoir une telle bénédiction. »