Beth Luhowy était prête à rentrer à la maison après avoir passé près d’une semaine à l’hôpital Foothills, à Calgary. Elle se rétablissait bien d’une crise cardiaque survenue alors qu’elle assistait à une conférence à Banff en mai 2017. Les chirurgiens avaient inséré une endoprothèse vasculaire dans une artère bloquée et les dommages causés à son cœur étaient minimes.
L’équipe médicale avait des nouvelles encourageantes pour Beth : le problème était réglé, et elle allait suffisamment bien pour quitter l’hôpital Foothills, accompagnée de son conjoint, Dushon.
Mais une fois de retour à la maison, à Anola, au Manitoba, elle n’était pas d’accord avec le verdict. Elle ne se sentait pas très bien.
« J’avais très peur. J’étais terrorisée à l’idée de faire une autre crise cardiaque », raconte Beth, âgée de 52 ans. Elle ne pouvait pas conduire; après sa crise cardiaque, son permis avait été suspendu pendant un mois. Comme Dushon devait faire la navette chaque jour entre son travail, à Winnipeg, et leur maison rurale, elle était souvent confinée chez elle.
Elle s’inquiétait du temps qu’elle manquait à son travail en tant que gestionnaire de la qualité d’un réseau de laboratoires de diagnostic. Aucun de ses amis n’avait eu de problème cardiaque, ce qui ne faisait que contribuer à son sentiment d’isolement.
Beth a commencé à faire de courtes promenades, suivant les conseils qu’elle avait reçus. « Mais j’étais seule, alors je gardais systématiquement mon cellulaire sur moi. J’avais peur de quitter ma maison sans lui. » La crainte de faire une autre crise cardiaque la suivait partout.
Obtenir un coup de main
Pendant ce temps, elle a reçu un appel du Centre Reh-Fit, à Winnipeg, lui proposant de commencer sa réadaptation cardiaque avec un programme comprenant activité physique, éducation et conseils, et destiné à aider les gens à se rétablir après une crise ou un autre problème cardiaque. Elle avait été dirigée vers le centre par l’hôpital Foothills. Dès qu’elle a été en mesure de conduire, Beth a pris un rendez-vous pour une séance d’orientation.
Le programme promettait de calmer plusieurs de ses inquiétudes qui commençaient à s’enraciner. Elle s’y est immédiatement inscrite.
Les femmes sont deux fois moins portées que les hommes à faire de la réadaptation cardiaque.
Beth se présentait au centre trois fois chacune des seize semaines, et s’inscrivait à toutes les activités offertes. Lors des conférences, elle en a appris davantage sur des sujets comme l’anatomie du cœur, les facteurs qui pourraient être à l’origine d’une nouvelle crise et l’importance des médicaments prescrits.
« Il y avait des séances avec un psychologue, un nutritionniste et un entraîneur personnel, explique-t-elle. Nous assistions à des ateliers antistress et de relaxation, en plus d’apprendre à méditer. »
Dans la salle d’exercice du centre, elle a travaillé avec un entraîneur et un infirmier afin de reprendre graduellement ses anciennes habitudes d’activité physique (elle s’entraînait normalement au moins trois fois par semaine avant sa crise cardiaque).
Les liens qu’elle a établis avec d’autres survivants lui ont probablement été encore plus utiles. « Nous discutions et nous en venions à la conclusion suivante : “Ce que je vis n’est pas bizarre. D’autres personnes ont des préoccupations semblables.” »
Prendre soin d’elle
Beth était l’une des seules femmes de son groupe. Des études démontrent que les femmes sont deux fois moins portées que les hommes à faire de la réadaptation cardiaque.
Les raisons de ce phénomène sont complexes. Néanmoins, Beth comprend très bien pourquoi certaines femmes hésitent à participer à la réadaptation cardiaque – particulièrement pour celles qui sont habituées à prendre soin des autres et de faire passer leurs propres besoins en dernier.
Avant sa crise cardiaque, elle était l’une de ses femmes. « Je me sentais égoïste à l’idée de faire quelque chose exclusivement pour moi. Ce n’est qu’après avoir commencé que je me suis rendu compte que le plus égoïste aurait été de ne pas le faire. Si je ne prends pas soin de moi, personne ne va en profiter! »
Depuis qu’elle a terminé sa réadaptation cardiaque, en novembre, Beth se sent très bien. Elle est capable de faire plus d’activité physique (en déployant moins d’efforts) qu’avant sa crise cardiaque et elle a perdu environ 7 kg. Plus important encore, cela lui a permis de reprendre confiance en elle. « J’avais entièrement perdu confiance en mon corps, car j’avais l’impression qu’il m’avait laissé tomber. »
Beth est déterminée à prendre soin d’elle. « Ma mentalité a complètement changé. Je n’avais jamais fait passer mes besoins en premier. »
- Lisez sur les maladies du cœur chez les femmes dans le Bulletin du cœur 2018 de Cœur + AVC.
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