Le Dr Jonathan Choy, chercheur subventionné par Cœur + AVC

Cœur

L’intestin peut-il aider à prolonger la vie après une transplantation cardiaque?

Le Dr Jonathan Choy a développé une méthode expérimentale visant à augmenter le taux de survie à une transplantation cardiaque

Chapitre 1 Diminuer le risque de rejet après une transplantation

La première transplantation cardiaque a été pratiquée en Afrique du Sud en 1967. Le Canada a suivi peu de temps après, avec une première transplantation en 1968. Grâce à la mise au point de cette intervention chirurgicale, des personnes dont le cœur était irrémédiablement endommagé ont pu bénéficier d’un nouvel organe, et ainsi, d’une vie plus longue.

Tout en constituant une découverte révolutionnaire, cette opération comportait à l’origine de graves lacunes. Après une transplantation cardiaque, il arrive fréquemment que le système immunitaire considère le nouveau cœur comme un corps étranger et qu’il l’attaque. Ce « rejet de greffe » peut survenir des jours, des semaines, des mois, voire des années après la transplantation.

« À l’époque, notre connaissance du fonctionnement du système immunitaire était limitée », déclare le Dr Jonathan Choy, professeur de biologie moléculaire et de biochimie à l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique.

Sachant cela, nous pourrons mettre au point des traitements qui empêcheront définitivement les rejets tout en permettant une réponse immunitaire adéquate en cas d’infection ou de cancer. C’est l’objectif que nous visons.
Le Dr Jonathan Choy

En partie grâce à des décennies de recherches financées par Cœur + AVC, les traitements antirejet se sont améliorés. Ce type de recherche a permis d’augmenter considérablement le taux de survie à une transplantation cardiaque. À l’échelle mondiale, le taux de survie se situe autour de 90 % un an après l’opération. Cependant, des améliorations sont nécessaires, car le taux de rejet de greffe après un an demeure inacceptable. En outre, les médicaments antirejet ont de nombreux effets indésirables.

C’est ici que le Dr Choy et son équipe entrent en jeu : « Nous cherchons à faire la lumière sur ces rejets progressifs, qui surviennent des mois et des années après la transplantation, ajoute le Dr Choy. Notre objectif est de comprendre pourquoi le nouveau cœur est rejeté afin de découvrir comment prévenir cette situation sans inhiber complètement le système immunitaire. » Grâce à ses recherches, le Dr Choy se bat pour les centaines de personnes au pays qui sont en attente d’un nouveau cœur chaque année.

Chapitre 2 Une approche expérimentale

La méthode expérimentale du Dr Choy lui a permis de réaliser des découvertes importantes. Alors qu’il était étudiant au doctorat, il s’est intéressé à la destruction par le système immunitaire des cellules infectées par des virus. Il s’est demandé si des processus similaires étaient susceptibles de déclencher les maladies artérielles qui provoquent les rejets, ainsi que la maladie du cœur la plus fréquente, l’athérosclérose.

Le Dr Jonathan Choy, chercheur subventionné par Cœur + AVC

La recherche essentielle du Dr Jonathan Choy est possible grâce aux donateurs et donatrices de Cœur + AVC.

Le Dr Jonathan Choy discute avec son assistante de recherche, Jenice Dumlao, dans leur laboratoire.

Le Dr Jonathan Choy discute avec son assistante de recherche, Jenice Dumlao.

L’assistant de recherche du Dr Jonathan Choy, Franklin Tam, à l’œuvre dans leur laboratoire.

Les transplantations cardiaques permettent de prolonger la vie, mais elles ne sont pas curatives. L’équipe du Dr Choy cherche des façons d’en améliorer la longévité. (Dans la photo : Franklin Tam, assistant de recherche du Dr Choy.)

Il a constaté que le granzyme B et la perforine, des protéines associées au système immunitaire qui jouent un rôle important dans la destruction des cellules infectées par des virus, sont mal dirigés vers les cellules des vaisseaux sanguins, ce qui contribue au rejet des greffes de cœur. Les travaux d’autres scientifiques ont plus tard révélé que le granzyme B contribue à l’athérosclérose.

Le Dr Choy continue de privilégier l’approche expérimentale. « Nous en sommes aux premiers stades de l’expérimentation avec le microbiote intestinal », déclare-t-il. Le microbiote intestinal est la colonie de microbes (bactéries, champignons et virus) qui peuple normalement notre tractus intestinal. Nous savons que cette colonie affecte un grand nombre de nos fonctions corporelles, y compris l’activation du système immunitaire. « Nous espérons qu’en découvrant comment les différences dans le microbiote intestinal affectent la façon dont sont rejetés les cœurs transplantés, nous pourrons modifier le microbiote intestinal », ajoute le Dr Choy .

Habité par une curiosité insatiable, un des étudiants de cycle supérieur du Dr Choy a examiné les différences dans le système immunitaire de modèles animaux après que le microbiote intestinal ait été altéré en changeant le moment où les bactéries colonisent l’intestin après le sevrage. La réaction immunitaire aux vaisseaux sanguins du greffon était très différente lorsque la colonisation était retardée.

Le Dr Jonathan Choy et son assistante de recherche, Javairia Rahim, examinent un échantillon dans leur laboratoire.

Le rejet des greffes de cœur est un véritable casse-tête. Les essais du Dr Choy et de son équipe permettent d’en replacer les morceaux. (Dans la photo : le Dr Choy en compagnie de son assistante de recherche, Javairia Rahim.)

Dans ce dernier cas, les artères du greffon étaient davantage endommagées par les neutrophiles, un type de cellules immunitaires. Le Dr Choy et son équipe espèrent qu’une fois qu’ils auront découvert comment les neutrophiles sont altérés, le microbiote intestinal pourra être modifié grâce à des suppléments, tels les probiotiques ou les prébiotiques, afin de réduire les dommages aux vaisseaux sanguins du greffon. Ce traitement, combiné à des habitudes saines, pourrait à terme contribuer à ralentir le rejet d’un nouveau cœur.

Chapitre 3 L’importance de la diversité en recherche pour le Canada

« Nous ne savons pas encore comment empêcher spécifiquement le système immunitaire de réagir au nouveau cœur, explique le Dr Choy. En le sachant, nous pourrons mettre au point des traitements qui empêcheront définitivement les rejets tout en permettant une réponse immunitaire adéquate en cas d’infection ou de cancer. C’est l’objectif que nous visons. »

Le Dr Choy est d’avis que sans la recherche expérimentale, et sans les fonds pour la soutenir, le Canada perdrait sa capacité à répondre aux besoins en constante évolution des soins de santé. La solution? La diversité.

« Nous faisons face à de grands défis qui devront être relevés dans l’avenir, dont les maladies du cœur. Mais imaginons que dans 10 ou 20 ans nous soyons confrontés à un défi imprévu, comme la pandémie de COVID, explique le Dr Choy. Pour relever ces défis, nous devrons avoir accès à une base de connaissances diversifiée, et les travaux de recherche menés à l’initiative de chercheuses et chercheurs en sont le fondement. Le programme de subventions de recherche de Cœur + AVC finance ce type de recherche. C’est pourquoi il est si important. »

Actuellement, les transplantations cardiaques permettent de prolonger la vie, mais elles ne sont pas curatives. « C’est le seul traitement disponible pour les personnes dont la maladie cardiaque atteint un stade où le cœur ne fonctionne plus, déclare le Dr Choy. À l’heure actuelle, les travaux sont axés sur la prolongation de la durée de vie des nouveaux cœurs. Ce que nous voulons, c’est guérir les gens. »

Aux patients, patientes et familles qu’il espère aider, le Dr Choy dit : « Nous y travaillons. Aussi fort et aussi vite que possible. »