De nouvelles connaissances sur la réaction des hommes et des femmes aux perturbations chroniques du rythme circadien et du sommeil pourraient changer le traitement des maladies du cœur.
La recherche montre que la perturbation des rythmes circadiens de l’horloge biologique précipite le vieillissement du cœur et aggrave le risque de maladies cardiaques. Une nouvelle étude menée par la Pre Tami Martino, chercheuse subventionnée par Cœur + AVC, est la première à expliquer la résistance accrue du cœur des femmes face aux perturbations de ces rythmes – une découverte qui pourrait ouvrir la porte à de nouveaux traitements pour vivre plus longtemps et en meilleure santé.
Comme la Pre Martino et son équipe de l’Université de Guelph, en Ontario, l’ont découvert, les rythmes de l’horloge biologique ont un impact direct sur la fonction cardiaque. Cette horloge régule le fonctionnement de l’organisme pour le jour et la nuit; essentiellement, elle nous dit quand être éveillé et actif, et quand se reposer et dormir. Ce mécanisme de régulation coordonne les molécules des cellules de tout l’organisme, y compris le cœur, en faisant correspondre les différentes fonctions du corps au moment du jour ou de la nuit où elles sont les plus nécessaires.
« Perturber les rythmes circadiens peut provoquer des maladies du cœur. Notre horloge biologique joue un rôle fondamental dans notre santé cardiovasculaire », explique la Pre Martino.
Le rôle des hormones
Les rythmes de l’horloge biologique interagissent avec les hormones masculines et féminines, entraînant des différences dans la construction même du cœur, ce qui influence ensuite le fonctionnement de ce dernier et la résistance d’une personne aux maladies du cœur.
On a découvert que les hormones ovariennes ont un effet protecteur qui, selon la Pre Martino, explique en partie la faible incidence des maladies du cœur chez les femmes avant la ménopause. Dans le cadre d’essais expérimentaux, la Pre Martino a observé que les souris femelles sont protégées des maladies cardiaques même si leur horloge biologique est perturbée. Par contre, le vieillissement de leur cœur s’accélère dès que leur production d’hormones cesse. « Les femelles ont réagi exactement comme les mâles dont l’horloge biologique avait été perturbée, c’est-à-dire qu’elles ont perdu leur protection contre les maladies du cœur », résume la Pre Martino.
« Ces résultats confirment le caractère unique du cœur des femmes. »
Le défi auquel se heurtent de nombreuses femmes est que la vie se prolonge bien au-delà de la ménopause, dans un monde où les véritables temps morts se font de plus en plus rares. Par exemple, l’éclairage des téléphones et des ordinateurs et les quarts de travail inhabituels perturbent les cycles circadiens et le sommeil. Avec l’âge, les facteurs qui précèdent ont de profondes répercussions sur la santé du cœur.
Nouveau domaine, nouveaux traitements
« Ces récentes découvertes nous ont amenés à nous pencher sur la manipulation thérapeutique de la biologie circadienne du cœur, dit la Pre Martino. Nous jetons les bases d’un nouveau domaine, la médecine circadienne, afin non seulement de protéger les femmes au fil de leur vieillissement, mais aussi de déterminer les traitements qui protégeront le mieux les hommes. »
En terminant, la Pre Martino note que « ce qui est exceptionnel est que ces résultats confirment le caractère unique du cœur des femmes et nous permettent d’entrevoir les possibilités de la médecine circadienne basée sur les différences entre les sexes en vue d’élaborer de nouveaux traitements pour prévenir ou freiner les maladies du cœur, ou en renverser les effets. »