En 2004, la Dre Susanna Mak a décroché le poste de ses rêves : cardiologue à l’Hôpital Mont Sinaï de Toronto et professeure agrégée à l’Université de Toronto. À l’époque, elle ne savait pas encore combien il est difficile de jongler avec la recherche, les soins à ses patients, son temps, son salaire, sans compter la conciliation travail-famille.
Sa principale source de revenus était les heures passées à traiter ses patients, et non celles consacrées à la recherche, sa passion première. « Si vous décidez de consacrer trois jours par semaine à votre projet de recherche, vous devez être en mesure de gagner votre vie et de subvenir aux besoins de votre famille en traitant des patients deux jours par semaine, explique la Dre Mak. Les hôpitaux universitaires offrent un soutien financier, mais ce n’est pas toujours suffisant. »
Après un peu plus d’un an en poste, elle s’est vu accorder deux subventions de Cœur + AVC. La première subvention lui a été octroyée pour mener une étude sur les différences entre la fonction cardiaque des hommes et celle des femmes, une question qu’elle creuse encore aujourd’hui. La seconde subvention était en fait une bourse de fonctionnement remise à un chercheur en début de carrière correspondant à un soutien salarial de cinq ans pour poursuivre ses activités de recherche.
« Sans un tel soutien, jamais je ne serais parvenue à publier mon premier article », confie la Dre Mak. La publication d’articles est l’un des principaux indicateurs de réussite en recherche. Ce soutien salarial lui a donc permis de travailler sur son article en vue de le faire publier.
Sans un tel soutien, jamais je ne serais parvenue à publier mon premier article.
Lorsque sa subvention a pris fin, la Dre Mak a dû trouver un moyen de garder son laboratoire ouvert et de poursuivre sa quête, donc de rémunérer son administrateur de recherche et de s’assurer que ses étudiants diplômés puissent continuer de travailler sur ses projets de recherche, entre autres.
« Pas étonnant qu’autant de personnes délaissent la recherche. De nombreuses femmes abandonnent. J’ai moi-même pensé abandonner à plusieurs reprises. Je suis heureuse d’être restée, mais je dois en payer le prix », explique la chercheuse.
Bâtir sa carrière
Étant donné que son projet de recherche reposait sur des bases solides, la Dre Mak a été en mesure de persévérer. Elle a multiplié les collaborations, a demandé des subventions plus généreuses et a travaillé sur des projets aux applications pratiques dans le domaine.
Ses efforts et sa réussite à titre de clinicienne-chercheuse ne sont pas passés inaperçus. Elle a ensuite été promue à des postes salariés, notamment à celui de directrice de clinique en milieu hospitalier. Puis, en 2019, elle a été la première femme nommée à la direction du département de cardiologie de l’Université de Toronto.
Le parcours de la Dre Mak illustre bien la contribution du financement précoce de Cœur + AVC à l’essor d’une carrière. Ce fait a d’ailleurs été démontré dans le cadre d’une enquête menée par la fondation auprès de chercheurs ayant reçu du financement en début de carrière entre 1998 et 2010.
Au cours de cette période, les donateurs de Cœur + AVC ont financé plus de 1 100 bourses de début de carrière dont la somme s’élève à 31 millions de dollars. Ce soutien financier a permis à des chercheurs de poursuivre le travail qu’ils aiment tant. Également, Cœur + AVC a constaté que 80 % des lauréats de ces bourses ont continué leur carrière en recherche, 70 % sont restés au Canada et 96 % travaillent toujours dans le domaine de la santé. Parmi les chercheurs qui travaillent dans des universités, 90 % occupent un poste de professeur permanent.
80 %
des chercheurs ayant reçu un financement précoce affirment que ce dernier a contribué à l’essor de leur carrière.
30 %
d’entre eux auraient abandonné leur carrière en recherche s’ils n’avaient pas reçu de soutien financier en début de carrière.
96 %
d’entre eux travaillent encore dans le domaine de la santé.
Fait important, plus de 80 % des personnes interrogées lors de l’enquête attribuent leur réussite au financement précoce que leur a octroyé Cœur + AVC. Ce financement les a aidées à obtenir d’autres subventions, à terminer leur projet de recherche et à se faire publier.
Lorsque des chercheurs comme la Dre Mak arrivent à se bâtir une carrière stable, ils ont ensuite les moyens de concevoir des programmes de recherche novateurs pour une meilleure santé cardiaque et cérébrale. Cœur + AVC continue de financer la recherche de la Dre Mak. Avec sa plus récente subvention, elle compte poursuivre son travail en s’appuyant sur ce qu’elle a déjà fait et peaufiner un test de dépistage de l’hypertension pulmonaire qui s’effectue pendant l’effort.
Soutenir la nouvelle génération
En plus de tout le reste, la Dre Mak prend le temps de mentorer des chercheurs en début de carrière et de collaborer avec eux.
C’est le cas de la Dre Carolina Alba, cardiologue à l’Hôpital général de Toronto et professeure adjointe à l’Université de Toronto. Comme la Dre Mak avant elle, la Dre Alba s’est vu accorder une bourse de soutien salarial. De plus, elle travaille sur un projet financé par Cœur + AVC s’intéressant aux résultats relatifs à l’insuffisance cardiaque.
« Nous nous servons de données et de l’intelligence artificielle pour prédire le taux de survie des patients », explique-t-elle. L’objectif consiste à déterminer avec une plus grande précision quels patients obtiendront les meilleurs résultats selon l’intervention choisie, par exemple une transplantation cardiaque ou un cœur artificiel.
Concilier ses nombreuses tâches s’avère toujours un défi, car ses patients, qui passent en premier, peuvent l’appeler à toute heure du jour ou de la nuit. La Dre Alba enseigne également à l’Université de Toronto et à l’Université McMaster. En plus de tout cela, elle travaille sur son programme de recherche. « Je travaille beaucoup! », admet-elle.
Aujourd’hui, les Dres Alba et Mak travaillent en collaboration. Elles étudient le lien entre les résultats des patients atteints de maladies cardiaques et le fonctionnement du côté droit du cœur.
La Dre Alba se tourne vers sa collègue d’expérience lorsqu’elle a besoin de conseils. « Je sais que je peux compter sur elle lorsque j’ai besoin d’avoir une conversation franche. Elle est très occupée, mais elle prend toujours le temps de m’écouter. Quand vous êtes avec elle, vous avez l’impression qu’elle a tout son temps. »
Favoriser la création de cet écosystème fondé sur la collaboration constitue un autre avantage du financement en début de carrière offert par Cœur + AVC. Lorsque les novices se sentent soutenus, ils peuvent bâtir leur carrière et devenir à leur tour des meneurs. Il en résulte d’importantes innovations dans le domaine de la santé qui profitent à tous.
D’autres chercheurs témoignent de l’impact du soutien de Cœur + AVC dans leur carrière
Dr Bruce Allen, Institut de Cardiologie de Montréal : J’ai eu la chance d’être soutenu par Cœur + AVC pour la majeure partie de ma carrière. En 1999, la fondation m’a décerné la prestigieuse bourse nationale de nouveau chercheur : ce soutien m’a permis de conserver mon poste de chercheur à l’Institut de Cardiologie de Montréal, de mettre le laboratoire sur pied et de poursuivre mes recherches sur le rôle des signaux cellulaires dans les maladies cardiaques.
Dre Mitra Esfandiarei, Midwestern University, Arizona : Mon histoire avec Cœur + AVC a commencé lors de ma première année de doctorat à l’Université de la Colombie-Britannique, alors que j’ai reçu une bourse de jeunes diplômés. En tant que jeune immigrante au Canada, préoccupée par mon cheminement universitaire et incertaine de mes plans de carrière, cette bourse a été un fabuleux cadeau qui m’a aidée à me concentrer sur mes études et à m’occuper de mon enfant sans m’inquiéter de ma capacité de répondre aux besoins de ma famille. La bourse m’a de plus donné la reconnaissance et, surtout, la confiance dont j’avais besoin pour poursuivre mes études supérieures et progresser dans ma formation. Quelques années plus tard, j’ai eu l’honneur de recevoir la prestigieuse bourse de recherche postdoctorale Cœur + AVC/Astra Zeneca et d’être nommée chercheuse-boursière Lewis MacDonald par la Fondation des maladies du Cœur et de l’AVC de la Colombie-Britannique et du Yukon en 2007.
Quand je repense à mon parcours, je suis fière d’avoir reçu ces distinctions et je me considère privilégiée d’avoir pu participer à des activités de collecte de fonds et des campagnes de Cœur + AVC visant à sensibiliser la population du pays et à améliorer le bien-être des gens. Je serai toujours reconnaissante pour le généreux soutien que m’a offert la fondation.
Dre Marilyn McKay-Lyons, Université Dalhousie : En 1996, j’ai reçu une bourse de doctorat en recherche cardiovasculaire et cérébrovasculaire de Cœur + AVC. Ce soutien m’a permis de réaliser mon ambition : poursuivre des études doctorales en physiologie et devenir chercheuse spécialisée en réadaptation post-AVC, un rôle que je continue de remplir avec bonheur depuis maintenant 25 ans. Cette bourse a aussi validé l’importance de mon objectif : élaborer des stratégies pour optimiser le rétablissement après un AVC. En tant que physiothérapeute arrivant dans le difficile milieu de la recherche en santé, cette confirmation a renforcé ma détermination à réussir et à redonner à Cœur + AVC.
Dre Sarah Childs, Université de Calgary : Cœur + AVC m’a soutenue en m’offrant une bourse de recherche alors que j’amorçais ma carrière à l’Université de Calgary; j’ai depuis reçu plusieurs subventions de Cœur + AVC. J’ai par ailleurs fait partie de divers comités d’évaluation de demandes de subvention et participé à des activités de recherche et des visites de laboratoire organisées par Cœur + AVC. Le financement que j’ai reçu m’a permis d’orienter mes recherches pour mieux comprendre la stabilisation vasculaire et son rôle dans l’AVC en utilisant le modèle du poisson-zèbre, mais avec des applications directes pour l’humain. J’ai également étudié les malformations vasculaires, leurs origines et les traitements potentiels. L’une des forces de Cœur + AVC réside dans sa capacité de faire participer les chercheurs à des initiatives de sensibilisation du public. J’ai beaucoup aimé rencontrer les donateurs et les bénévoles et leur expliquer comment la recherche fondamentale en biologie vasculaire permet de faire d’importantes découvertes et, ultimement, de développer des traitements pour l’AVC et les troubles vasculaires.