Ken Wong vit avec les séquelles d’un AVC

AVC

La tête et le cœur

Ken Wong était actif et en santé. Pourquoi a-t-il subi un AVC? La réponse résidait dans son cœur.

Chapitre 1 « Je ne comprenais plus le fonctionnement de la gravité. »

Ken Wong a levé un pied pour faire un pas, mais il ne savait plus où était le plancher.

Amateur de course à pied, il était au début de la quarantaine, avait deux jeunes garçons et attendait un bébé. Lorsqu’il s’est agrippé au comptoir de la salle de bain de sa maison à Toronto, Ken a eu l’impression qu’il plongerait dans un abysse s’il faisait un pas de plus.

« Je ne comprenais plus le fonctionnement de la gravité », dit-il en se remémorant ce terrifiant dimanche matin de 2014. Sa tête tournait, il voyait des points noirs et des étoiles. Puis, il s’est écroulé sur le sol et a appelé sa femme, Carla, alors enceinte de leur troisième enfant.

Cela m’a ébranlé profondément.
Ken Wong - Vit avec les séquelles d’un AVC

La sensation est disparue en une ou deux minutes. Ken a retrouvé son équilibre, mais Carla et lui se demandaient ce qui s’était passé. Ken ne voulait pas aller à l’hôpital, mais plus tard ce jour-là, quelque chose l’a poussé à s’y rendre.

« Je crois que c’était l’étrangeté de cette sensation… de ne pas comprendre comment marcher et d’avoir complètement perdu l’équilibre, dit-il. Cela m’a ébranlé profondément. »

Au service des urgences, Ken a passé quelques examens, y compris une radiographie du crâne. L’urgentologue lui a dit qu’il pouvait rentrer à la maison. « Tout semble normal. »

C’était la fin de cette histoire… jusqu’au lendemain matin alors que Ken, qui était directeur de création, se rendait au travail. L’hôpital l’a appelé : « Vous devez revenir tout de suite. »

Chapitre 2 Diagnostic : un AVC

Ken avait subi un AVC. C’est le diagnostic posé après une évaluation plus approfondie de l’urgentologue, qui avait demandé à un spécialiste de vérifier les résultats des examens. Il s’est avéré qu’un caillot avait bloqué la circulation sanguine dans la partie inférieure du cerveau de Ken. Ken a passé plusieurs jours à l’hôpital mais, heureusement, l’AVC a disparu sans causer de lésions permanentes.

Ken, Carla, ainsi que des amis et des collègues ont été stupéfiés par ce diagnostic. Ken était en forme. Il courait de 45 à 50 kilomètres par semaine, mangeait sainement et buvait rarement de l’alcool.

Pourquoi cela s’était-il produit? Est-ce qu’il pouvait subir un autre AVC?

Ken n’était au courant d’aucun antécédent d’AVC dans sa famille, bien que ses parents, des immigrants originaires de Chine, ne parlaient jamais de leurs problèmes médicaux.

Les médecins n’ont trouvé aucune raison évidente. « Ils nous ont dit que dans de nombreux cas, la cause demeure inconnue, mentionne Ken. De toute évidence, Carla est stressée. Je suis stressé. Je me demande si je vais mourir. Tout cela vous fait sentir très vulnérable. »

Les médecins lui ont prescrit de la warfarine, un anticoagulant, pour réduire le risque de formation d’autres caillots. Au cours des mois suivants, Ken a graduellement repris son mode de vie actif. La warfarine lui causait parfois des maux d’estomac, ainsi que des ecchymoses et des saignements. Il s’est demandé s’il pouvait cesser de la prendre.

« Bien sûr, s’il fallait que je prenne de la warfarine, j’allais le faire, dit-il. Mais personne ne me donnait de réponse définitive, et je crois que c’est ce que je cherchais. »

La belle-sœur de Ken, qui est physiothérapeute, lui a conseillé de consulter en cardiologie. « Ça ne donnera peut-être rien, lui a-t-elle mentionné. Mais ça vaut quand même la peine de voir s’il y a un lien ou si le cardiologue peut faire quelque chose. »

Chapitre 3 Au cœur de la question

Ken a été soulagé lorsque le cardiologue lui a dit qu’il n’avait pas besoin de warfarine et qu’il pouvait plutôt prendre une faible dose quotidienne d’aspirine pour réduire son risque de formation de caillots.

Mais une plus grosse surprise l’attendait. Les examens ont révélé que Ken était né avec un petit trou entre les cavités supérieures de son cœur, une malformation appelée foramen ovale perméable (FOP). Cette cardiopathie congénitale peut augmenter le risque d’AVC causé par un caillot, particulièrement chez des personnes plus jeunes, comme lui.

« Ce n’est pas nécessairement la cause de mon AVC, mais ça pourrait l’expliquer, indique Ken. Apprendre cela m’a apporté une réponse et un certain soulagement. »

Ken Wong sourit, les bras croisés.

« Je crois que c’est important, notamment en vieillissant, de consulter régulièrement son médecin et de ne pas tenir sa santé pour acquise. » - Ken Wong

Ken Wong fait du jogging dans un parc.

Ken mène une vie active et court de 45 à 50 kilomètres par semaine.

Ken et Carla ont rapidement accepté le traitement recommandé par le cardiologue, c’est-à-dire une intervention pour refermer le FOP à l’aide d’un cathéter (un long tube flexible) inséré dans un vaisseau sanguin, de l’aine jusqu’au cœur. Ken a pu rentrer chez lui le jour même de l’intervention.

Il n’a remarqué aucun changement sur le plan physique. « Mais je me suis tout de suite senti mieux mentalement. Je ne suis pas du genre à prendre des médicaments. »

Aujourd’hui, Ken court encore régulièrement et se tient occupé avec sa famille (ses garçons ont 19 ans et 16 ans, et sa fille a 10 ans) et avec son travail – il est maintenant président de sa propre agence de création.

« Je me sens… chanceux n’est pas le bon terme, dit-il. Je me sens béni et privilégié d’avoir vécu cela et de m’en être sorti sans incapacité. » Il voit son cardiologue tous les ans pour passer un électrocardiogramme.

En tant que Canadien d’origine asiatique, Ken veut également contribuer à briser des préjugés qui empêchent les discussions ouvertes sur les questions d’ordre médical dans sa communauté, mais aussi dans d’autres. Il espère que son histoire aidera à sensibiliser la population au fait qu’un AVC peut frapper n’importe qui. « Je crois que c’est important, notamment en vieillissant, de consulter régulièrement son médecin et de ne pas tenir sa santé pour acquise. »