Megan Snook

AVC

Enceinte et terrifiée : l’AVC de Megan

Malgré sa pression artérielle très élevée, la jeune mère a été renvoyée chez elle plusieurs fois

Chapitre 1 « Tout est normal. »

Megan Snook ne se sentait pas bien. Ses mains et ses pieds étaient enflés, sa vision était floue et elle avait un violent mal de tête. La jeune femme de 30 ans était enceinte de sept mois. Elle a envoyé une photo de sa plus récente mesure de pression artérielle à son amie Carly, qui est infirmière.

Megan se souvient que sa pression était de 150/126 et que Carly était inquiète. « Elle m’a dit que j’étais hypertendue, et qu’elle allait passer me prendre après son quart de travail », déclare Megan. Chez une personne normale, une pression artérielle supérieure à 130/80 est considérée comme à haut risque, et ce risque est encore plus élevé pour une femme enceinte.

Carly s’est rapidement présentée au domicile de Megan, à Campbell River en Colombie-Britannique. Megan et son tout-petit, Lucas, sont montés dans sa voiture. « Je vais prendre Lucas et te déposer à l’hôpital, lui a dit Carly. Il y a quelque chose d’anormal. »

Ce n’est cependant pas ce que les autres professionnels de la santé avaient dit à Megan. Au cours des quelques jours précédents, la jeune femme avait appelé son médecin à plusieurs reprises, elle était allée la voir deux fois, et elle s’était rendue au service de maternité de l’hôpital. Tout le monde lui disait qu’elle était simplement anxieuse.

Cette fois-ci encore, la réponse du personnel hospitalier a été la même : « Vous allez bien. Tout est normal. »

Bien que la pression artérielle de Megan ait diminué, elle continuait de monter et de descendre. Ses pieds et ses mains étaient encore enflés, et le bébé ne bougeait pas beaucoup. On lui a fait boire du jus d’orange pour stimuler le bébé, et on lui a dit d’aller voir son médecin le lendemain ou de revenir si les choses ne rentraient pas dans l’ordre.

« Je sentais qu’on ne me prenait pas au sérieux, confie-t-elle. On me considérait comme une pleurnicharde, mais j’avais peur d’insister. » Lors de sa première grossesse, Megan avait reçu un diagnostic de prééclampsie, un trouble qui se manifeste par une pression artérielle élevée.

Chapitre 2 Une nuit agitée

Comme c’est arrivé à Megan, des femmes qui se présentent avec des symptômes de maladies cardiovasculaires sont parfois ignorées. Cette situation peut se produire parce que les dispensateurs de soins de santé n’ont pas suffisamment d’information sur l’AVC et les maladies du cœur chez les femmes, surtout pendant la grossesse. Les lacunes en recherche sont à la source de ce problème. En effet, les deux tiers des participants aux essais cliniques sur les maladies cardiovasculaires étaient des hommes.

De retour à la maison, Megan s’est couchée tôt. Son mal de tête est devenu intolérable. Vers 20 h, elle a appelé son mari, Jayce, en criant.

Les enfants de Megan : Levi (à gauche) et Lucas (à droite).

Levi (à gauche) est né par césarienne deux jours après l’AVC de Megan, en parfaite santé malgré ses 4 lb et 4 oz.

Elle ne pouvait pas bouger, son côté gauche complètement paralysé, et elle ne voyait plus. « Megan, que se passe-t-il?, lui a demandé son mari. Est-ce que tu fais un AVC? » En entendant ces mots, Megan a su que c’était ce qui lui arrivait.

Jayce a appelé le 911 et Megan est retournée à l’hôpital. S’en est suivie une nuit de panique. Le brouillard a cloué au sol l’ambulance aérienne qui devait transporter Megan vers un centre de soins de l’AVC, à Victoria. Elle a finalement parcouru plus de 265 kilomètres en ambulance vers le sud, alors que ses parents se dirigeaient dans la direction opposée pour aller chercher Lucas à Campbell River.

Les médecins ont constaté que Megan était en train de subir deux AVC hémorragiques : l’un dans le lobe occipital droit de son cerveau, et l’autre dans le lobe pariétal droit.

Chapitre 3 Un avenir différent

L’AVC est très peu fréquent chez les femmes enceintes (30 femmes sur 100 000).

Ce type d’AVC peut être provoqué par une tension artérielle très élevée. Pour l’éviter, la pression doit demeurer basse. Le traitement comprend des médicaments pour contrôler la tension artérielle et diminuer la pression sur le cerveau. La chirurgie est parfois nécessaire. Cependant, parce que Megan était enceinte, l’équipe de soins avait peu de moyens de la traiter.

Megan est assise dans un fauteuil roulant à l’hôpital avec son fils, Lucas.

Megan en compagnie de son fil Lucas durant son rétablissement à l’hôpital. 

Megan se porte bien maintenant, mais elle ressent encore des effets de son AVC, comme de la douleur et des problèmes de vision. 

Le choc de l’AVC a déclenché le travail. Levi est né par césarienne deux jours plus tard, en parfaite santé malgré ses 4 lb et 4 oz.

Megan a reçu d’excellents soins au cours du mois qu’elle a passé à l’hôpital, mais les défis qu’elle a rencontrés pendant son rétablissement ont été nombreux. « J’étais une nouvelle maman, je souffrais d’une lésion cérébrale et j’étais tellement fatiguée », raconte-t-elle. Elle a eu de la difficulté à trouver du soutien dans sa communauté, comme des traitements de physiothérapie ou une garderie. Elle s’est également vu refuser des services qui n’étaient offerts qu’aux personnes âgées.

Plus de quatre ans plus tard, Megan souffre encore de douleurs chroniques, se fatigue facilement et ne peut voir le côté gauche de son champ de vision. Elle est incapable de conduire ou d’occuper un emploi. Sa famille et elle ont déménagé dans une ferme en Saskatchewan. La pression barométrique plus stable l’a aidée à aller mieux.

Aujourd’hui, Megan souhaite que plus de recherches soient menées sur la santé des femmes. Cela pourrait faire en sorte que les dispensateurs de soins de santé, mieux informés et munis d’outils pratiques, soient plus en mesure de comprendre les préoccupations des femmes, ainsi que de reconnaître et de traiter leurs symptômes. Aussi, elle espère que les jeunes femmes qui subissent un AVC aient accès à de meilleurs soins de réadaptation.

La vie de Megan ne sera plus jamais la même. Cependant, elle peut prendre soin de ses deux garçons et elle découvre une nouvelle façon d’aller de l’avant, avec sa famille et un nombre croissant de chevaux, de chiens et de chats. « Je garde un bon sens de l’humour malgré tout, déclare-t-elle, parce que mieux vaut en rire qu’en pleurer. »