Des données pour sauver plus de femmes
La chercheuse Padma Kaul veut améliorer le diagnostic et le traitement des maladies du cœur
Chapitre 1 Un lien familial
La chercheuse Padma Kaul a une raison très personnelle d’orienter une partie de ses recherches sur les maladies liées à la grossesse et leurs répercussions sur le risque futur des femmes de développer une maladie du cœur.
Enceinte de son premier enfant, elle a reçu un diagnostic de diabète gestationnel – une complication liée à la grossesse qui peut entraîner une augmentation des risques de développer un diabète plus tard au cours de la vie d’une femme. « Ce diagnostic était complètement inattendu parce que je n’avais aucun des facteurs de risque habituels, se remémore Mme Kaul, qui est titulaire de la Chaire de recherche sur les maladies cardiovasculaires de l’Université de l’Alberta.
J’ai demandé à mon endocrinologue pourquoi ça m’arrivait, qu’est-ce que ça signifiait ». Insatisfaite des explications reçues, la chercheuse a compris que si elle avait des questions, elle devait elle-même trouver les réponses.
Par chance, Mme Kaul, qui est épidémiologiste, a ce qu’il faut pour y arriver. Spécialiste de l’extraction de données sur la santé, son travail consiste à poser des questions importantes à l’ensemble de la population afin de dégager des tendances et orienter la recherche pour améliorer les soins de santé.
En mettant l’accent sur les maladies du cœur et les facteurs de risque connexes, y compris le diabète, elle étudie les répercussions, sur les résultats, de différents enjeux, tels les disparités entre les genres et les origines ethniques, et l’accès à des traitements en temps opportun.
De plus, ses recherches montrent comment l’écart entre les genres en matière de diagnostic et de traitement a mis les femmes en danger.
Chapitre 2 Repérer les écarts
Une étude publiée en 2020, dont un des auteurs est Mme Kaul, a révélé des différences énormes entre les soins prodigués aux hommes et aux femmes après une crise cardiaque. L’équipe a suivi plus de 45 000 patients en Alberta sur une période de plus de 14 ans.
Les résultats ont démontré que les femmes ont subi moins d’angiographies et qu’elles étaient plus susceptibles que les hommes de mourir à court terme. Parmi les patients qui ont survécu, les femmes couraient plus de risques de souffrir d’insuffisance cardiaque après 5 ans.
Personne auparavant n’avait étudié les risques des femmes de souffrir d’insuffisance cardiaque après une crise cardiaque.
« Nous savons qu’il est essentiel de traiter rapidement les crises cardiaques si l’on veut réduire les risques de complications futures, dont l’insuffisance cardiaque », déclare Mme Kaul. Il faut aller à l’hôpital, et il faut intervenir rapidement. »
Grâce à ses recherches, elle a montré que les femmes n’obtiennent pas le niveau de soins dont elles ont besoin, et qu’elles ne sont pas traitées assez rapidement. Les raisons, dont des lacunes dans le système de santé et d’autres facteurs, sont complexes. Selon Mme Kaul, les femmes tardent à obtenir des soins. Elles sont nombreuses à se dire « Je prépare le déjeuner des enfants, ensuite j’irai à l’hôpital ».
La chercheuse est de plus en plus convaincue qu’en améliorant le dépistage, l’éducation et le suivi pendant et après la grossesse, nous pourrions aider de nombreuses femmes à réduire leur risque futur de maladies du cœur.
« La grossesse est une occasion unique d’obtenir de l’information sur leur risque futur de souffrir d’une maladie cardiaque », déclare Mme Kaul. Par exemple, nous pourrions cibler les femmes comme elle, qui vivent des complications pendant leur grossesse (tel que le diabète gestationnel), afin qu’elles bénéficient de dépistages futurs pour surveiller leurs risques de maladies cardiovasculaires.
Chapitre 3 Des données pour de meilleurs soins
Mme Kaul, qui effectue ses recherches à l’aide de données, déclare : « Je travaille en étroite collaboration avec des cliniciens qui, eux, soignent des patients. Il s’agit d’un processus circulaire. Je peux leur soumettre des données et leur dire ‘Voici ce qui se passe’. Et ils peuvent faire des observations cliniques et me demander ‘Est-ce que c’est seulement mon expérience?’, ou ‘Est-ce que c’est généralisé?’ ».
À l’aide de données, Mme Kaul étudie les répercussions, sur les résultats, de différents enjeux, tels les disparités entre les genres et les origines ethniques, et l’accès à des traitements en temps opportun.
La chercheuse travaille également d’arrache-pied pour que ses recherches soient présentées aux décideurs politiques qui dirigent le système de santé et mènent des campagnes de sensibilisation publiques.
« En Alberta, l’objectif est de réunir la recherche et les soins cliniques. C’est donc un énorme avantage pour nous », mentionne Mme Kaul. Elle est très heureuse d’avoir accès aux données qui lui permettent d’observer la santé des gens sur plusieurs décennies et de savoir si les résultats en santé sont influencés par un meilleur dépistage ou si certains médicaments ont une incidence sur la longévité des patients.
La chercheuse possède une liste apparemment sans fin de questions pour les dossiers de santé. Et elle ne quitte pas des yeux son objectif d’améliorer les soins de santé et les résultats pour tous.
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