Combattre l’AVC, ensemble

Chuck Ley ne se sentait pas bien ce matin-là de 2016. En fait, ce qu’il ressentait était si étrange qu’il a quitté le travail vers midi. Une fois à la maison, il a perdu connaissance dans sa chambre.

C’est là que sa femme, Lorraine Joynt, l’a trouvé quand elle est rentrée du travail à 17 h. Il était étendu au sol à côté du lit.

Lorraine a appelé le 9-1-1 et a réussi à rester calme jusqu’à ce que les ambulanciers arrivent et embarquent Chuck dans l’ambulance. Alors que des voisins inquiets se rassemblaient, elle s’est mise à pleurer.

À l’hôpital, les médecins ont confirmé que Chuck avait eu un AVC. En quelques heures seulement, ses capacités de parler, d’avaler et de marcher avaient été sévèrement affectées.

Grâce à la réadaptation et à la physiothérapie post-AVC, ainsi qu’au soutien indéfectible de sa femme et de ses cinq enfants, Chuck peut désormais marcher sur de courtes distances, Lorraine le poussant dans un fauteuil roulant pour les longues sorties. C’est ainsi qu’ils ont participé au parcours de marche de la Randonnée du cœur de Cœur + AVC : Chuck s’est même levé pour franchir la ligne d’arrivée par lui-même.

Chuck parle lentement et doucement, mais Lorraine s’assure que lorsqu’il parle, on l’écoute. Il n’a par ailleurs pas repris son poste de gestionnaire d’un magasin Canadian Tire à Oshawa, en Ontario.

En parlant à Chuck et Lorraine, on remarque d’abord beaucoup de rires et de tendresse entre eux. De toute évidence, ils forment une équipe. Et le travail d’équipe pourrait être leur arme secrète pour vaincre les effets dévastateurs de l’AVC.

Comment se sont déroulées ces premières semaines à l’hôpital?

Chuck : Pendant un long moment, je ne comprenais pas ce qui se passait. J’étais frustré, car j’essayais de dire quelque chose, que j’oubliais aussitôt.

Lorraine : J’y étais tous les jours. Je passais quelques minutes avant d’aller travailler, puis je revenais après ma journée pour m’assurer qu’il avait bien mangé son souper. Il ne pouvait pas mâcher et pouvait à peine parler. Les enfants aussi venaient souvent, apportant des photos des petits-enfants pour l’aider à se souvenir, mais il en était incapable. Il appelait tout le monde par des noms différents et il le fait encore parfois!

Quel a été le plus grand défi pendant la réadaptation?

Chuck : Marcher. Je me suis dit que si je ne pouvais pas le faire, et bien ainsi soit-il. Mais j’allais essayer! Maintenant, je peux marcher un peu et j’ai aussi appris à me déplacer dans un fauteuil roulant.

Lorraine : Il a travaillé très dur pendant la physiothérapie pour pouvoir s’asseoir dans son fauteuil roulant, se lever et en sortir pour faire quelques pas. Il peut maintenant se coucher dans le lit et s’asseoir dans la voiture. C’est sa persévérance qui nous a permis de garder espoir. Avant la pandémie, nous avons aussi pu continuer à voyager et nous sommes allés en Floride et au Cap Breton. Nous avons même fait une croisière en Alaska.

Comment votre famille vous a-t-elle soutenu pendant votre rétablissement après l’AVC?

Chuck : Mes enfants et mes petits-enfants trouvent tous le moyen de me remonter le moral quand je traverse un moment difficile. Il n’est pas rare qu’ils m’apportent à souper, aident aux tâches ménagères ou téléphonent simplement pour discuter.

Ma fille Heather est comme mon lutin du temps des Fêtes! Elle m’aide lorsque je veux acheter un cadeau pour surprendre Lorraine. Mike et Mark m’ont aidé à organiser le garage et sont toujours prêts à faire des réparations dans la maison. Les petits m’apportent leurs bricolages et me racontent leurs journées à l’école. L’important, c’est que je sais qu’ils me soutiennent toujours à fond.

Quelles difficultés avez-vous maintenant?

Chuck : Je suis toujours frustré par ce que je ne peux pas faire. Je me dis souvent : « Si seulement je pouvais marcher, si seulement je pouvais faire telle chose. » De plus, les gens ne s’adressent pas directement à moi, même si je suis assis devant eux. Ils me traitent comme un idiot, mais je suis loin d’en être un.

Lorraine : Je déteste lorsque les gens ignorent Chuck et me parlent à la place. Je leur dis : « Je ne sais pas, demande-le-lui » et je m’en vais. Ceux qui le traitent différemment ne comprennent pas le mal que ça lui fait.

L’AVC a-t-il modifié votre relation?

Lorraine : Non, je ne crois pas. Tout ce qui a changé, c’est que c’est moi qui conduis maintenant. Et il en fait beaucoup à la maison : il garde ma cuisine très propre. Il faut dire que notre relation était déjà solide.

Chuck : Rencontrer Lorraine est probablement la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Si votre femme croit en vous, vous pouvez vous rétablir. C’est vraiment grâce à elle que j’ai pu avancer.

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