La Dre Nishita Singh, neurologue

AVC

Au Manitoba, une neurologue s’attaque aux lacunes dans les soins de l’AVC à l’échelle mondiale

La Dre Nishita Singh veut révolutionner la prévention et le traitement de l’AVC

Chapitre 1 Gros plan sur l’équité

La Dre Nishita Singh est neurologue, professeure adjointe à l’Université du Manitoba, diplômée de l’Université Harvard, future dirigeante en matière d’AVC au sein de la World Stroke Organization et membre de Mission Thrombectomy 2020+. En 2023, elle a été nommée titulaire de la Chaire de recherche clinique sur l’AVC de Cœur + AVC et de Research Manitoba – la première de la province. À la fois clinicienne et militante, la Dre Singh a une vision : améliorer la prévention de l’AVC tout en s’attaquant aux inégalités en matière de traitement à l’échelle mondiale. « J’ai à cœur de promouvoir l’égalité d’accès aux soins », dit-elle.

Elle a vécu des expériences qui lui ont permis de développer une grande détermination. « Pendant mes années d’études en médecine, je travaillais comme médecin traitante dans une région rurale du Maharashtra, en Inde. Là-bas, j’ai vu les graves répercussions que peut avoir un AVC sur les personnes touchées et leur famille. Les options de traitement étaient rares et les ressources étaient limitées. C’était terrible. »

« Durant ma deuxième année de résidence en médecine interne, je travaillais à Mumbai, dans l’un des hôpitaux gouvernementaux les plus achalandés de la province. Un jour, un patient est arrivé à l’hôpital à 2 h, il avait subi un AVC. Étant donné que nous offrions la thrombolyse gratuitement et que le patient était arrivé dans la fenêtre de 4,5 heures après l’apparition des symptômes, nous avons pu le traiter. »

Elle prend une pause pour dire qu’elle en a encore la chair de poule. « Ce moment est encore très clair dans mon esprit. Il nous a transformés, le patient et moi. C’est ce qui m’a convaincue de l’importance vitale du traitement et m’a fait réaliser à quel point le domaine de l’AVC évolue rapidement, affirme-t-elle. C’est la raison pour laquelle je suis ici et que je fais ce travail aujourd’hui. Mon but est de mettre en place des systèmes où tout le monde a accès rapidement à des traitements qui sauvent des vies, comme la thrombolyse et la thrombectomie, et ce, peu importe la région et les ressources. »

La Dre Singh se prépare à combattre les inégalités en santé à plus grande échelle.

Chapitre 2 Cause : inconnue

La Dre Singh est spécialisée dans la maladie artérielle carotidienne. La carotide est la grande artère située dans le cou qui achemine le sang au cerveau. La Dre Singh cherche à découvrir comment cette affection peut mener à un AVC et à trouver des façons de la prévenir.

Dre Nishita Singh

La Dre Nishita Singh est une neurologue spécialiste de la maladie artérielle carotidienne. Elle est également professeure adjointe à l’Université du Manitoba.

La Dre Singh vérifie la pression artérielle d’une personne; il s’agit du principal facteur de risque d’AVC.

Le moment du traitement et l’expertise sont des facteurs clés quand il est question d’AVC. La recherche de la Dre Singh changera la donne.

Il y a toutefois encore beaucoup de travail à accomplir. Actuellement, chez environ 30 % des personnes ayant subi un AVC ischémique (un AVC causé par un blocage ou un caillot dans un vaisseau sanguin du cerveau), la cause est inconnue. Selon les lignes directrices en matière de traitement – qui datent de plus de 30 ans –, un traitement est requis lorsqu’une artère est bloquée à 50 %. La chirurgie est possible lorsqu’une artère est bloquée à plus de 70 %. Le problème avec cette approche est que des risques subsistent chez les personnes dont une artère est bloquée à moins de 50 %. Et elles sont nombreuses à subir un AVC avant d’atteindre ce seuil.

Ma vision est qu’aucun patient n’obtienne un diagnostic d’AVC de cause inconnue.
Dre Nishita Singh

Les technologies d’imagerie modernes, comme la tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique (IRM), sont plus sophistiquées. Elles permettent de détecter d’autres caractéristiques et de particularités qu’il est important de surveiller. Exemple : une patiente dont l’artère est bloquée à moins de 50 % pourrait présenter d’autres caractéristiques associées à un risque élevé d’AVC, comme une ulcération ou des anomalies. Ces caractéristiques pourraient indiquer que la personne présente toujours un risque élevé d’AVC, et qu’il serait opportun d’opter pour un traitement plus agressif avant qu’il ne soit trop tard.

Afin de trouver des solutions novatrices, la Dre Singh est déterminée à comprendre les procédures utilisées actuellement pour établir les causes d’un AVC et pour cibler les traitements adaptés. Pour y parvenir, elle utilise une approche de recherche par méthodes mixtes ayant une portée mondiale :

  • Sondage auprès de médecins – « J’essaie de quantifier la façon dont chaque médecin traite les patientes et patients en fonction de leurs résultats d’imagerie et de leurs caractéristiques cliniques. »
  • Entretiens avec des médecins – « Je veux comprendre l’aspect qualitatif et obtenir le plus haut niveau de détail et de précision possible. Nous devons vraiment travailler très fort pour bâtir ces ponts et combler ces lacunes. »
  • Groupes de discussion avec des patientes, des patients, des aidantes et des aidants « Je veux vraiment savoir ce qui est important et significatif pour les patientes et patients. En tant que médecins ou prestataires de soins de santé, nous oublions souvent qu’ils sont les principaux concernés. Nous essayons de trouver des façons novatrices de communiquer de manière claire, de leur faire comprendre ce qui se passe tout en préservant leur vie privée, leur consentement et leur autonomie. Nous voulons savoir : combien de personnes au sein de la population générale sont atteintes d’une maladie artérielle carotidienne; combien parmi elles ont subi un AVC; combien sont susceptibles d’en subir un autre; et de quelle façon leur expérience en matière de traitement pourrait être améliorée. Nous voulons aussi évaluer leur volonté de subir une chirurgie. »

La Dre Singh a déjà approché des personnes au Manitoba et en Alberta, et vise maintenant une portée nationale et mondiale. Elle utilise les résultats obtenus pour mettre sur pied un essai clinique qui prendra en considération les commentaires et préférences des patientes, des patients et des médecins. « Ma vision est qu’aucun patient n’obtienne un diagnostic d’AVC de cause inconnue. » 

Chapitre 3 Financer la recherche sur l’AVC = financer la population

La Dre Singh est passionnée par son travail, mais aussi par le mentorat. Sa vie a changé le jour de son arrivée au Canada. Elle venait de commencer une formation complémentaire et était entourée de gens travaillant dans le même domaine. C’est ce qui l’a motivée à poursuivre une maîtrise à l’Université Harvard. « Cette expérience a été un tremplin extraordinaire. Elle m’a aidée encore plus que je n’aurais pu l’imaginer. J’espère avoir la possibilité de faire du mentorat auprès de la prochaine génération de chercheuses et chercheurs dans le domaine de l’AVC et de mener des recherches novatrices qui changeront les choses. »

En ce qui concerne les découvertes, la Dre Singh estime que ce n’est pas une seule grande percée qui importe. Elle croit plutôt qu’une série d’avancées progressives, obtenues grâce à du courage et de la persévérance, transformeront notre façon de prévenir et de traiter l’AVC. Sans financement, rien de tout cela ne serait possible.

La Dre Nishita Singh parle avec son équipe.

La Dre Nishita Singh avec son équipe.

Un financement est bien plus que de l’argent; c’est un vote de confiance. « C’est un rappel que nos efforts comptent, et que les gens croient en notre vision : améliorer les soins et les résultats en matière d’AVC. » Ce soutien permet à la Dre Singh de poser des questions audacieuses, d’adopter des approches novatrices et de repousser les frontières en matière de traitement. « Je ne peux imaginer un monde sans financement pour accomplir mon travail. »

Le financement lui a également fourni les ressources dont elle a besoin pour bâtir des réseaux collaboratifs et jouer un rôle de mentore auprès de la prochaine génération de chercheuses et chercheurs, tout en s’assurant que les connaissances dans le domaine continuent de croître et d’évoluer. « Pour moi, faire progresser les soins de l’AVC devrait signifier offrir un accès équitable aux soins, ici et partout dans le monde. Cela permettrait au bout du compte d’améliorer les résultats en sauvant des vies. »